au niveau des différentes fonctions co- gnitives et neuropsychologiques, il est important de mentionner que de nom- breuses déficiences au niveau du traite- ment des émotions ont été décrites chez les sujets alcooliques. Il a ainsi par exemple été constaté que l'alcoolisme est associé à une fréquence plus élevée de l'alexithymie (7), c'est-à-dire de la dif- ficulté à identifier, distinguer et verbali- ser ses états émotionnels, ainsi qu'à un manque d'empathie (8). De même, les patients alcooliques ont également des difficultés à interpréter correctement les expressions (11, 12) et les postures émotionnelles (13). Globalement, l'alcoolisme chro- nique est lié à une surestimation de l'in- tensité des émotions (quel que soit le ni- veau réel d'intensité) et à une mauvaise interprétation de ces émotions. Il semble en outre que les sujets alcooliques ne se rendent pas compte de ce déficit (14). Etant donné que le décodage efficace des émotions est une capacité cruciale pour le développement et le maintien de relations interpersonnelles satisfaisantes (15), la perturbation de cette capacité chez les sujets alcooliques pourrait avoir des conséquences néfastes sur leur inté- gration sociale (16), et mener ainsi à un cercle vicieux: un déficit de décodage des signaux émotionnels visuels et audi- tifs, dû à l'alcoolisme, pourrait aggraver les problèmes interpersonnels (17), ce qui pourrait à son tour accroître la consommation d'alcool utilisée comme une stratégie de coping (14). Enfin, il apparaît que ce déficit de reconnais- sance émotionnelle n'est pas identique pour toutes les valences émotionnelles: alors que les émotions positives semblent correctement traitées par les sujets alcooliques, le déficit est surtout présent pour les émotions négatives, et particu- lièrement pour les stimuli de colère. Cette déficience plus marquée pour la colère (18, 19) a été mise en relation comportements délictueux et agressifs dans l'alcoolisme (20, 21), ce qui montre l'importance majeure de ce déficit émotionnel dans le cadre de la pratique clinique et thérapeutique. cherches utilisant des techniques d'ima- gerie pour explorer les corrélats neuro- anatomiques et neuro-fonctionnels des déficits émotionnels observés décrivent, chez les patients alcooliques, des altéra- tions marquées dans la structure et l'acti- vité des zones impliquées dans les traite- ments émotionnels: cortex préfrontal (22), cortex cingulaire, insula et amyg- dale (23). De manière intéressante, l'am- pleur de ces altérations semble corrélée à un risque plus important de rechute (24), ce qui montre l'importance d'une gestion efficace des affects dans la per- spective d'une abstinence prolongée. De façon intéressante, il a récemment été suggéré que des troubles d'activité de l'amygdale pourraient être présents chez des sujets non-alcooliques mais issus d'une famille dont certains membres sont alcooliques (25), ce qui amène à l'hypothèse que les déficits émotionnels pourraient précéder le développement de l'alcoolisme chronique, voire pour- raient être un des facteurs facilitant ce développement, en lien avec le cercle vicieux décrit ci-dessus. Cependant, beaucoup de chemin reste à parcourir pour clairement évaluer ces déficits émotionnels et les moyens d'y remédier. que les sujets alcooliques présentent des qui ont une influence délétère sur les relations interpersonnelles, et sont par conséquent un des éléments majeurs de l'isolement social souvent présent chez les patients alcooliques. 1. in Clinical Settings. New York: Oxford University, 2003. Coats & R.S. Feldman (Eds.). Nonverbal Behavior in Clinical Settings. 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