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l
Neurone
·
Vol 16
·
N°9
·
2011
Cortex préfrontal dorsolatéral
Durant le sommeil REM, l'activité du
cortex préfrontal dorsolatéral et celle du
locus coeruleus sont à leur niveau le
plus bas du nycthémère, alors que ce
cortex préfrontal est impliqué dans les
plus hauts niveaux de conscience et
dans la représentation de soi. On
peut donc, comme les auteurs de cette
revue, émettre l'hypothèse que cette di-
minution du contrôle du cortex préfron-
tal lors du sommeil permet au cours de
celui-ci une augmentation significative
des processus d'adaptation nécessaires
pour la gestion des émotions en relation
avec les expériences de vie négatives ou
douloureuses ainsi que la régulation du
stress.
Cortex préfrontal ventromédial
Quelques rares études se sont intéres-
sées aux relations entre le cortex
préfrontal ventromédial (consistant
surtout en cortex orbitofrontal et cin-
gulaire antérieur) ­ reconnu pour être
important dans la prise de décision et
le jugement social ­ et le sommeil nor-
mal, particulièrement le sommeil REM.
Durant le sommeil, particulièrement
dans le sommeil REM plutôt que dans
le sommeil non-REM, le cortex orbi-
tofrontal est actif avec l'amygdale et le
cortex cingulaire antérieur, en particu-
lier pour les processus émotionnels
et sociaux, ce qui peut expliquer un
fonctionnement adaptatif de ces zones
cérébrales en rapport avec des événe-
ments sociaux et émotionnels vécus
durant la journée, donnant lieu à un
aspect émotionnel très prenant de cer-
tains rêves.
Le fonctionnement limbique
durant le sommeil REM est-il
utile à la prise en charge des
événements émotionnels de la
vie de tous les jours?
Les problèmes du vécu de tous les jours
sont exprimés dans le sommeil, particu-
lièrement dans le sommeil REM. Même
si l'on considère quelques aspects
controversés, il apparaît que la produc-
tion du rêve (spécialement dans le som-
meil REM) contenant des stimulations
très expressives, que ce soit doulou-
reuses ou menaçantes, facilite le pro-
cessus de régulation des émotions stres-
santes. L'apparition la plus précoce du
sommeil REM et un taux plus élevé de
rêves dans cette phase initiale REM sont
considérés comme des bons facteurs
prédictifs d'une meilleure réduction des
symptômes dépressifs après un événe-
ment de vie stressant. Ceci aide à la
prise en charge de l'information néga-
tive rendant supportable des événe-
ments marqués par l'aversion. En parti-
culier, l'intensification des phases de
sommeil REM apparaît être un mar-
queur de dysfonctionnement ou, en tout
cas, d'une insuffisance de régulation
émotionnelle durant la journée, indi-
quant la nécessité d'une meilleure prise
en charge de l'émotion. Le sommeil
REM après un stress est également un
mécanisme régulateur des épisodes
émotionnels de la journée. Ainsi l'aug-
mentation du sommeil REM chez des
personnes souffrant de stress peut être
le reflet d'une incapacité à prendre en
charge les événements émotionnels du-
rant la journée.
En conclusion
·
Les avancées de la recherche sur
le sommeil confirment notre
propre expérience de vie: les évé-
nements de la vie diurne, et spé-
cialement les événements émo-
tionnels stressants, ont un impact
sur notre qualité de sommeil et
notre bien-être.
·
Le stress émotionnel diurne a un
effet sur la physiologie du sommeil
en modifiant la latence du sommeil
REM, la densité du sommeil REM
ainsi que la durée du sommeil REM
et par l'apparition d'éveils nocturnes
témoins d'une fragmentation du
sommeil.
·
Le stress émotionnel diurne agit sur
le profil ainsi que sur le contenu des
rêves et l'émotion dans un rêve, ain-
si que sur le rappel des rêves,
quoique son rôle exact reste tou-
jours mal précisé.
·
Non seulement, les événements
diurnes influencent le sommeil,
mais la qualité et la quantité de
sommeil peuvent aussi influencer la
manière dont nous réagissons à ces
événements. Il peut être un impor-
tant déterminant de notre bien-être
général.
·
Le sommeil semble améliorer notre
fonctionnement journalier, alors
que la déprivation de sommeil nous
rend particulièrement plus sensibles
aux émotions et aux stimuli stres-
sants.
·
L'impact du sommeil sur nos émo-
tions et notre humeur du jour qui
suit est en relation particulièrement
avec le sommeil REM.
·
Dans la phase REM du sommeil,
l'hyperactivité limbique, l'aspect
hypo-actif du cortex préfrontal dor-
solatéral et, par contre, un fonction-
nement normal du cortex préfrontal
médial peuvent expliquer un rôle
adaptatif du sommeil dans la prise
en charge de nos événements émo-
tionnels.
La production du rêve (spécialement dans le sommeil REM)
contenant des stimulations très expressives, que ce soit
douloureuses ou menaçantes, facilite le processus de régulation
des émotions stressantes.