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325
l
Neurone
·
Vol 16
·
N°9
·
2011
S
cléroSe
en
plAqueS
réVélée
pAr
deS
éVéneMentS
pSychiAtriqueS
L'existence de troubles psychiatriques, notamment de l'humeur, au cours de la
sclérose en plaques (SEP) est une réalité, mais il reste encore beaucoup à faire
concernant la distinction entre trouble de l'humeur dans la SEP et trouble
bipolaire; ce qui permettrait de proposer des traitements médicamenteux et
psychothérapeutiques plus efficaces. Quelques études mentionnent un taux
anormalement élevé de trouble bipolaire chez les patients SEP, mais elles sont
peu nombreuses, anciennes et ne comportent pas de comparaison avec les
données épidémiologiques de la population générale. Plusieurs auteurs ont
rapporté des cas d'épisodes maniaques inaugurant une SEP. A travers un cas
clinique de SEP inaugurée par des épisodes maniaques, nous soulevons la
problématique des symptômes psychiatriques comme événement à part entière
de la SEP. Les épisodes thymiques devraient-ils être considérés comme des
poussées psychiatriques, correspondant à des événements supplémentaires qui
permettraient de poser plus rapidement le diagnostic de SEP?
Introduction
A l'origine, le terme de spes sclerotica était utilisé pour décrire l'apparente sérénité, la
tranquillité et l'indifférence des patients aux difficultés rencontrées (1). Depuis les pre-
mières observations de Charcot en 1877 et de Cottrel en 1926, l'euphorie a été consi-
dérée comme une empreinte de la sclérose en plaques (SEP). Clairement liée à une
atteinte organique, elle est associée à un élargissement des ventricules cérébraux et à des
lésions de démyélinisation des lobes frontaux, des noyaux de la base ou du système
limbique (2). L'existence de troubles psychiatriques au cours de la SEP est une réalité
(3); une poussée «psychiatrique» peut apparaître au décours de l'évolution, mais
l'existence de troubles psychiatriques révélateurs de la maladie reste mal connue. Bien
que quelques études ont montré que des symptômes psychiatriques peuvent inaugurer
une SEP (4), il reste encore beaucoup à faire afin de poser le diagnostic précocement,
ce qui permettrait de proposer des traitements adaptés et donc plus efficaces. A travers
un cas clinique de SEP inaugurée par des épisodes maniaques, nous soulevons la pro-
blématique de la distinction entre trouble de l'humeur dans la SEP et trouble bipolaire.
Observation
Il s'agit d'une patiente âgée de 36 ans, sans emploi, mariée, mère de trois enfants,
droitière de latéralité, sans antécédents pathologiques notables; elle est suivie en psy-
chiatrie depuis 1998 pour des épisodes maniaques, composés essentiellement
d'excitation psychomotrice, labilité thymique, irritabilité, colère avec parfois hétéro-
agressivité. Elle fut mise sous thymorégulateurs (carbamazépine 1.000mg/j, puis valpro-
ate de sodium 2g/j associé à 30mg de diazepam/j), mais à chaque fois, l'amélioration
ne fut que minime, malgré la bonne observance thérapeutique. En 2008, la patiente a
présenté une asymétrie faciale avec trouble de la marche associé à un nouvel épisode
maniaque. L'examen neurologique objectivait un syndrome cérébelleux statique et ci-
nétique, un syndrome tétrapyramidal avec des réflexes ostéotendineux vifs et diffusés
aux 4 membres, un Babinski bilatéral et une paralysie faciale centrale droite. Le reste de
M Touhami
1
, F Oueriagli Nabih
1
,
A Abilkassem
1
, N Louhab
2
, N Kissani
2
1. Service de Psychiatrie, Hôpital militaire
Avicenne, Marrakech, Maroc
2. Service de Neurologie, CHU Med VI,
Faculté de médecine, Université Kadi
Ayyad Marrakech, Maroc
N1646F_2011
Keywords:
multiple sclerosis ­
manic episode ­
psychiatric relapses ­
psycho-organic symptoms ­
emotional outburst