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DOULEUR
349
l
Neurone
·
Vol 16
·
N°9
·
2011
N1681F_2011
Cette étude a évalué le rôle de la prière en tant que possible facteur psychosocial
personnel dans la gestion de la douleur du patient. Intégrée dans le modèle trans-
actionnel du stress et du coping (Lazarus et Folkman), elle a cherché à savoir,
d'une part, si la prière avait un lien avec l'intensité de la douleur et la tolérance à
la douleur et, d'autre part, si la réinterprétation cognitive était un mécanisme
sous-jacent dans le rapport entre la prière et la douleur. Afin de valider ces deux
hypothèses, 202 patients algiques ont été enrôlés dans une étude transversale par
questionnaire. Ces derniers ont répondu à un questionnaire destiné à analyser les
variables sous-jacentes (sexe, âge, formation), les aspects de la douleur (durée,
intensité, tolérance), les aspects religieux (prière, religiosité) et la réinterprétation
cognitive. Les résultats révèlent que la prière a un lien avec la tolérance à la dou-
leur, mais pas avec l'intensité de la douleur. Par ailleurs, l'analyse médiationnelle
a démontré que la réinterprétation cognitive était effectivement un mécanisme
sous-jacent dans le rapport entre la prière et la tolérance à la douleur. Des ana-
lyses complémentaires ont toutefois indiqué que la religiosité du patient joue un
rôle modérateur important dans les rapports identifiés.
En Europe, on estime à un sur cinq le nombre d'adultes qui souffrent de douleurs
chroniques ayant un impact sur la vie du patient et celle de sa famille. L'exposition
constante à la douleur augmente le risque d'apparition de sentiments dépressifs et de
pensées suicidaires tout en entamant la joie de vivre. En outre, l'affection influence
négativement la vie privée et la vie professionnelle du patient, ce qui peut entraîner
des problèmes relationnels et financiers (1).
La gestion de la douleur chez ces patients est dès lors primordiale si l'on veut amélio-
rer au maximum leur quotidien. Pourtant, les stratégies classiques de gestion de la
douleur fournissent rarement les résultats escomptés. Selon une enquête récente (2),
55% des patients souffrant de douleurs chroniques estiment que leur douleur n'est
pas traitée de manière adéquate et que les techniques traditionnelles ne permettent
pas toujours d'améliorer la qualité de vie. C'est la raison pour laquelle les études
récentes examinent également l'efficacité des stratégies complémentaires de gestion
de la douleur (3). L'un des facteurs à avoir fait l'objet d'une attention plus marquée
ces derniers temps, principalement dans la littérature de recherche américaine, est le
rôle de la spiritualité et de la religion dans la gestion de la douleur (4).
Facteurs religieux dans la gestion de la douleur
De prime abord, il peut sembler surprenant que des facteurs tels que la religion et la
spiritualité puissent jouer un rôle dans la gestion de la douleur. On comprend toute-
fois aisément qu'une douleur constante soulève des questions existentielles chez de
nombreux patients. Ceux-ci sont par exemple amenés à s'interroger sur le but de la
douleur ou celui d'une vie rythmée par les maux. Il arrive également que les patients
ne parviennent plus à concilier l'image de Dieu avec laquelle ils ont grandi et leur
expérience de la douleur. Les patients se demandent comment Dieu peut admettre
Jessie Dezutter
1
, Jozef Corveleyn
1,2
1. Center for the Psychology of Religion,
Research Group Clinical Psychology,
Faculté de Psychologie, KUL
2. Département de Psychologie, Vrije
Universiteit Amsterdam
l
A
prière
SoulAge
-
t
-
elle
lA
douleur
chronique
?
A
pproche
pSychologique
Keywords:
chronic pain ­ prayer ­
psycho-social ­
pain management ­ coping ­
re-appraisal ­ religiosity