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l
Neurone
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Vol 16
·
N°9
·
2011
mais aussi neuroprotectrice de type `di-
sease-modifying effect
', ce qui nécessi-
tera de moduler la posologie et l'effet du
traitement sur le récepteur concerné.
Ainsi, dans l'accident vasculaire isché-
mique aigu et le traumatisme crânien,
les résultats des études utilisant des anta-
gonistes compétitifs du récepteurs
NMDA, tels que le selfotel et le gavesti-
nel, ne sont pas révélés intéressants
d'autant que des effets secondaires psy-
chodyleptiques sérieux (hallucinations,
agitation, somnolence, catatonie) avaient
été rapportés (1).
Les antagonistes non compétitifs (dont
l'action dépend de l'activation préalable
du récepteur par l'agoniste) agissant
donc particulièrement lors d'une activité
excessive (p. ex. en situation d'excito-
toxicité) du récepteur NMDA, mais
respectant par ailleurs son activité
normale et physiologique, sont beaucoup
mieux tolérés. Ceux-ci ont été testés
avec une efficacité variable contre
l'épilepsie et la maladie de Huntington
(1). Dans la fatigue et surtout la maladie
de Parkinson, l'amantadine peut apporter
un bénéfice, surtout en y réduisant les
dyskinésies. Le safinamide pourrait aussi
apporter ce dernier bénéfice, mais on
attend des résultats définitifs. La
mémantine, dont la cinétique rapide et
l'affinité modérée en font un premier
choix, a démontré son efficacité dans la
démence d'Alzheimer, mais aussi,
quoique plus modestement et avec des
résultats controversés, dans la démence
du parkinsonien et dans la démence à
corps de Léwy (2-3).
En antalgie préventive, la kétamine et le
dextrométhorphane ont montré un effet
antalgique. Dans la douleur chronique et
neuropathique, les résultats avec ces deux
médicaments sont variables avec des ef-
fets secondaires souvent gênants (1).
Note de la rédaction: ce dossier mérite vraiment le détour, c'est
une excellente mise à jour sur le glutamate, dans tous
les domaines où il intervient, assortie d'une large
iconographie en couleurs de très bonne qualité.
Incontournable pour les passionnés de
neurotransmission!
Références
1.
Bordet R, Pickering G, Deplanque D, et al. Actualités sur
la voie glutamatergique et la maladie d'Alzheimer.
Dossier dans La Lettre du Neurologue 2010;XIV(11):385-
412.
2.
Aarsland D, Ballard C, Walker S, et al. Memantine in
patients with Parkinson's disease dementia or dementia
with Lewy bodies: a double-blind, placebo-controlled
multicenter trial. The Lancet Neurology 2009;8(7):613-8.
3.
Emre M, Tsolaki M, Bonuccelli U et al. Memantine for
patients with Parkinson's disease dementia or dementia
with Lewy bodies: a randomised double-blind, placebo-
controlled trial. The Lancet Neurology 2010;9(10):969-
77.
Effets cliniques au long cours
de la thérapie combinée dans
la maladie d'Alzheimer
Depuis quelques années, plusieurs
études ont été consacrées à l'évalutation
de l'efficacité de la combinaison d'un
inhibiteur de l'acétylcholinestérase (IC)
et de la mémantine (antagoniste sur le
récepteur NMDA du glutamate) dans la
maladie d'Alzheimer, en utilisant géné-
ralement les bras d'étude suivants: traite-
ment standard sans IC ni mémantine; iC
seul; combinaison IC + mémantine. En
effet, il existe des aspects fondamentaux
permettant d'envisager cette combinai-
son thérapeutique dans la maladie
d'Alzheimer. En effet, la mémantine, anta-
goniste du récepteur glutamatergique
NMDA et les anticholinestérasiques ont
des mécanismes tout à fait différents. Il
n'empêche que ces deux classes médi-
camenteuses ont démontré une efficaci-
té clinique en monothérapie dans la
maladie d'Alzheimer. D'autre part, leur
utilisation en combinaison chez des
adultes sains n'a montré aucune interac-
tion pharmacocinétique entre ces deux
classes et des travaux précliniques sug-
gèrent que leur action sur la transmission
glutamatergique et cholinergique sont
synergiques. Ceci peut se comprendre à
la lumière d'une étude chez le rat (1) qui
a montré que l'administration d'un anti-
cholinestérasique entraînait la libération
de glutamate au niveau corticostriatal.
Des études chez le rat concernant parti-
culièrement le taux hippocampique
d'acétylcholine démontraient qu'il y avait
là aussi un effet synergique (2), ce qui
peut contribuer à la compréhension de
l'intérêt de leur combinaison théra-
peutique chez l'homme.
Depuis 2004, l'adjonction de méman-
tine à l'inhibiteur cholinestérasique do-
népézil a démontré, outre une bonne
tolérance, des bénéfices significatifs sur
le déclin cognitif, la fonctionnalité (acti-
vités journalières), le comportement, et
la dépendance aux soins, en comparai-
son avec le donépézil en monothérapie
La mémantine est un
antagoniste non compétitif
du récepteur NMDA, de
cinétique rapide et d'affinité
modérée, est en fait un
premier choix.
Chez le rat, pour le moins,
l'administration d'un
anticholinestérasique
entraîne la libération de
glutamate au niveau
corticostriatal.
La thérapie combinée réduit
le déclin cognitif et
fonctionnel avec un effet
soutenu de 4 ans
supplémentaires, allonge le
délai d'admission en maison
de repos, et permet une
amélioration significative des
troubles du comportement.