génétique à l'environnement fait ac- tuellement l'objet d'études élaborées de la part de l'équipe de Caspi de l'Institute for Genome Sciences and Policy à la Duke University (Durham). L'objet de ces études est notamment de pouvoir reproduire ces constata- tions; deux récentes méta-analyses, l'une négative, l'autre positive ne per- mettant pas encore de tirer de con- clusions définitives. Ce qui veut dire, à mon avis, que si ce gène a une im- portance, son influence est mineure. ieurs études au cours desquelles un stimulus stressant a pu activer cer- tains gènes et favoriser le déclenche- ment de troubles anxieux. C'est ainsi que plusieurs équipes, dont la nôtre, s'intéressent aux récepteurs aux glu- cocorticoïdes dont l'altération des gènes codant semble également être un facteur important dans la genèse de la dépression. Ces récepteurs sont en effet très importants dans la régu- lation du stress, un système sur lequel le cortisol exerce un effet freinateur. L'équipe londonienne menée par Pa- riante est persuadée que la fonction de ces récepteurs est altérée en cas de dépression. Nous avons fait, avec d'autres équipes, des études géné- tiques sur ces récepteurs pour ten- ter de déterminer les relations entre polymorphisme pour ces récepteurs et réponse au stress ou sensibilité à également une recherche active sur le polymorphisme du gène de la COMT, plus étudiée dans le cadre de la schizophrénie et des psychoses mais qui pourrait jouer un rôle dans la dépression. Il en va de même pour un gène codant pour le BDNF. Cela dit, quelle que soit l'importance de ces facteurs génétiques, ce sont les facteurs environnementaux qui sem- blent jouer le rôle le plus important. stress prénatal et le risque de dépres- sion. Il en va de même des trauma- tismes précoces. L'expérimentation animale a en effet montré que des facteurs stressants qui se produisent durant certaines phases critiques du développement cérébral peuvent mener à une perturbation importante de l'axe hypothalamo-hypophyso- surrénalien et augmenter le risque de dépression. Le stress chronique et les situations agressantes ont le même effet dépressogène. à tenter de déterminer le profil géné- tique des patients dépressifs, hormis quelques situations très particulières comme en présence d'un syndrome crânio-facial marqué par une dysmor- phie faciale et un retard mental. preuve qu'un traitement médica- menteux particulier agisse de manière significativement différente selon le polymorphisme que l'on trouverait. Même si une une étude récente de la Duke University a montré que les pa- tients porteurs d'un variant du gène codant pour la tryptophane hydroxy- lase-2 se sont avérés être résistants aux antidépresseurs de la classe des inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine ou répondeurs à ces médicaments uniquement à dose élevées. Il y a donc encore beaucoup de pain sur la planche avant de tirer des conclusions thérapeutiques de la génétique de la dépression, d'autant tique adaptée est fort long, comme le démontre par l'absurde l'exemple de la maladie de Huntington dont on connaît depuis longtemps le substrat génétique sans pouvoir y associer de traitement efficace. de la famille de patients qui souffrent de dépression sont atteints eux aussi de cette maladie dans une propor- tion supérieure à celle de la popu- lation en général. Il existe donc une prédisposition génétique qui accroît le risque de maladie. Mais cela sig- nifie également simultanément que la probabilité de rester en bonne santé est très élevée (8090%). Ce n'est donc pas la maladie elle-même que l'on `reçoit en héritage', mais le risque accru de réagir aux contraintes par une dépression. Le risque plus élevé existe probablement dans la disposi- tion accrue à réagir au déséquilibre du système hormonal du stress et du métabolisme nerveux. Le fait d'être conscient de cette situation peut cependant être mis à profit pour une prévention précoce et active. Cette prévention peut prendre la forme d'un meilleur comportement face au stress, comme de prendre des pauses à temps ou avoir rapidement recours à une aide thérapeutique dans les situations difficiles. Voilà pour aujourd'hui. Pour demain, nous devrons encore attendre d'autres pouvoir tirer des conclusions. |