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l
Neurone
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Vol 16
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N°9
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2011
suivi de la cartographie de la variation
génétique normale entre personnes
dans le cadre du Consortium Internatio-
nal HapMap, a permis d'acquérir les
connaissances sur la variation géné-
tique dans laquelle il faut rechercher les
variants qui jouent un rôle dans le
risque de SEP. Deuxièmement, les pro-
grès technologiques ont fourni les instru-
ments nécessaires à une recherche
efficace, à grande échelle de ces va-
riants génétiques. En l'occurrence, les
microarrays sont un type de puces grâce
auxquelles on peut dépister simultané-
ment des centaines de milliers de varia-
tions dans un échantillon (Figure 1).
Troisièmement, les chercheurs ont com-
mencé à prendre conscience que les
petites populations d'étude de quelques
dizaines d'échantillons, qui avaient été
utilisées pour les études HLA, ne sont
pas suffisamment puissantes pour dé-
tecter des facteurs génétiques dotés
d'effets moins importants. Cette détec-
tion nécessite en effet des centaines
voire des milliers d'échantillons et ceci
exige de gros efforts de la part des clini-
ciens ainsi qu'une collaboration inter-
nationale. Ces trois développements
ont abouti à la réalisation des premières
études d'association pangénomique ou
«genome-wide association studies»
(GWAS), c.-à-d. des études dans
lesquelles la variation génétique inte-
rindividuelle d'apparition fréquente est
comparée au sein de larges groupes de
patients SEP et de sujets témoins en
bonne santé.
Les progrès en 2011
En 2007, les premiers facteurs de risque
situés en dehors de la région HLA ont été
découverts, à savoir les récepteurs de
cytokines que sont le récepteur alpha de
l'interleukine-2 et le récepteur de l'interleu-
kine-7 (6, 7). Cette liste fut ensuite élargie
à une vingtaine de facteurs (8) grâce à des
études dans lesquelles notre groupe de re-
cherche fut étroitement impliqué (9-14).
L'étape suivante consistait à réaliser une
étude d'association pangénomique de
taille plus grande encore. C'est dans
cette perspective qu'une équipe interna-
tionale de chercheurs a réuni ses forces
dans l'International Multiple Sclerosis
Genetics Consortium
et le Wellcome
Trust Case Control Consortium
, dirigés
par les universités de Cambridge et
d'Oxford. En Belgique, notre collabora-
tion à cette étude s'est faite à partir du
Laboratoire de Neuro-immunologie de
la K.U.Leuven. Nous avons rapporté nos
découvertes le 11 août dans la revue
scientifique de renom Nature (15). Il
s'agit de la plus grande étude génétique
sur la SEP jamais réalisée, dans laquelle
près de 250 chercheurs ont étudié le
matériel génétique de 9.772 personnes
atteintes de SEP et de 17.376 sujets té-
moins en bonne santé en provenance de
15 pays différents. Plus de 500 patients
atteints de SEP ont participé à cette étude
dans les Cliniques Universitaires de Leu-
ven et le Centre National de la Sclérose
en plaques à Melsbroek par le don d'un
échantillon sanguin.
Dans cette étude, nous avons d'abord
confirmé le rôle de 23 facteurs de risque
héréditaires déjà connus et nous avons
ensuite identifié 29 nouvelles variations
génétiques qui co-déterminent la prédis-
position à la maladie, ce qui fait passer à
Les couleurs correspondent aux génotypes (homozygote ou hétérozygote) pour les différents
variants. (US Department of Energy Genomic Science Image Gallery)
Figure 1: Exemple de microarray permettant la détermination simultanée de centaines
de milliers de variants génétiques dans un échantillon.
Alors que les gènes immunologiques ne représentent que 7% de l'ensemble des gènes hu-
mains, il n'en va pas de même pour les facteurs de risque génétiques de la SEP puisque, dans
30% des cas, le gène situé dans la position la plus proche joue un rôle dans le système immu-
nitaire. Rouge = rôle dans la prolifération leucocytaire et lymphocytaire, vert = autre rôle dans
le système immunitaire.
Figure 2: Représentation des gènes dotés d'une fonction immunologique parmi les facteurs
génétiques de la SEP.
Facteurs de risque de la SEP
Tous les gènes humains