une incidence quatre fois plus élevée de dysfonctions sexuelles sous traitements antidépresseurs (3,4). Cette incidence varie suivant la méthodologie des études et pourraient être largement sous- évaluée lorsqu'elles n'utilisent pas d'in- struments d'investigation spécifiques. Plusieurs questionnaires existent, les échelles les plus connues sont le Changes in Sexual Functionning Questionnaire (CSFQ) (5) et l'Arizona Sexual Expe- rience Scale (ASEX) (6). Ces question- naires ont été relativement bien validés, mais restent peu utilisés dans les études ou en pratique clinique. Elles ont permis de détecter des incidences bien plus éle- vées que celles rapportées par les labo- ratoires pharmaceutiques (2). Seulement 14% des patients rapportent spontanément des effets sexuels induits par leur antidépresseur alors que 58% reconnaissent souffrir d'un dysfonction- nement sexuel lorsqu'ils sont interrogés directement sur le sujet (7). Ces effets secondaires sont invoqués une fois sur deux par les patients pour expli- quer une rupture thérapeutique (8). rée tout aussi importante par les patients sous antidépresseurs que dans la popula- tion générale (9). Un dysfonctionnement sexuel est rap- porté pour la majorité des antidépres- seurs, mais certains produits induisent moins de troubles sexuels que d'autres (10). Les tricycliques sont responsables d'une incidence élevée de troubles sexuels. Sont principalement rapportées des dys- gasmie, anéjaculation). Les troubles de la libido seraient moins fréquemment observés avec l'imipramine qu'avec la clomipramine. Les incidences varient de 30% pour l'imipramine à 93% pour la clomipramine (11). Sous inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine (ISRS), approximative- ment 50% des patients rapportent des troubles sexuels. Bien qu'aucune diffé- rence ne soit clairement démontrée entre les différents médicaments de cette classe, il semble que la Paroxétine soit responsable de plus d'effets secondaires de ce type. Les inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine et de la noradrénaline (ISRSNA) auraient un profil intermédiaire d'induction de ces troubles avec une in- cidence comprise entre 10% et 30% (12). Concernant les IMAO, la moclobémide semble avoir peu d'effets négatifs sur la sexualité (13) hormis sur l'érection et augmenterait la libido chez certains pa- tients. Les autres IMAO ont un effet délé- tère sur la sexualité, avec une incidence estimée entre 20% et 40%. La miansérine, un tétracyclique, aurait sur l'érection (14). La tianeptine, induc- teur de la recapture de la sérotonine, a fait preuve à travers plusieurs études d'un respect de la fonction sexuelle (15). L'agomélatine (Valdoxan®), antidépres- seur récemment commercialisé, agoniste au niveau des récepteurs mélatoniner- giques (MT1 et MT2) et antagoniste des récepteurs sérotoninergiques 5-HT2c, n'induit pas de troubles de la fonction sexuelle (16, 17). dépresseurs sont dose-dépendants et les facteurs prédisposant seraient l'âge su- périeur à 50 ans, les comorbidités psy- chiatriques ou somatiques, les traite- ments médicamenteux concomitants, le tabagisme et l'occurrence de troubles sexuels lors d'un précédent traitement par les antidépresseurs (2). Ils touche- raient plus fréquemment l'homme, bien que les femmes rapportent généralement une intensité plus grave des troubles (8). sexuels induits par les antidépresseurs système complexe très largement mé- connu impliquant nombre de facteurs psychologiques, interpersonnels, neuro- logiques, vasculaires et hormonaux qui seraient coordonnés par l'hypothalamus, le système limbique et les centres corti- caux. On reconnaît aujourd'hui l'impli- cation de nombreux neurotransmetteurs, parmi lesquels on peut citer la dopa- mine, la sérotonine, la noradrénaline, l'acétylcholine, l'ocytocine, l'arginine vasopressine, l'angiotensine II, la sub- stance P et le neuropeptide Y (8). Ils interviennent différemment sur les trois phases de la réponse sexuelle que sont le désir (ou libido), l'excitation et l'orgasme. A l'origine de l'insatisfaction, on décrit principalement des diminu- tions du désir sexuel, des diminutions de l'excitation qui se traduisent objective- |