background image
332
l
Neurone
·
Vol 16
·
N°9
·
2011
d
ySfonctionS
SexuelleS
et
AntidépreSSeurS
:
de
lA
priSe
en
coMpte
à
lA
priSe
en
chArge
Les dysfonctions sexuelles sont des fois imputables aux antidépresseurs. Leur
incidence diffère d'un produit à un autre. Leur prise en compte se heurte à un
nombre important d'écueils rendant le problème rarement abordé dans le cadre
de la consultation. Contrairement aux fausses croyances, les patients accordent
beaucoup d'importance à leur vie sexuelle et ces dysfonctions leur sont donc
préjudiciables en termes d'observance thérapeutique et en termes de qualité de
vie. La prescription d'un antidépresseur doit être par conséquent systématiquement
couplée à une information sur le risque de ces effets et sur les stratégies possibles
pour y remédier. Ceci impose une approche sexothérapeutique active à l'initiative
du médecin.
Introduction
Les dysfonctions sexuelles sont très fréquentes au cours de la dépression. Elles font
partie de sa symptomatologie et représentent également une complication des antidé-
presseurs rendant la distinction difficile. Leur prise en compte se heurte à un nombre
important d'écueils. On considère que le problème est largement sous-estimé parce
que rarement abordé dans le cadre de la consultation.
Au temps des tricycliques et des inhibiteurs de la monoamine oxydase (IMAO), les
cliniciens étaient plus préoccupés par les effets secondaires cardiovasculaires. En
outre, ils croyaient que les patients n'accordaient que peu d'importance à leur vie
sexuelle, qu'ils continuaient le traitement malgré l'apparition de dysfonctions
sexuelles, qu'ils parleraient spontanément de ces troubles et que les antidépresseurs
ne différaient pas entre eux en termes d'incidence d'effets indésirables sexuels (1). Les
praticiens, en abordant cette question, craignaient également d'apparaître intrusifs ou
séducteurs puisqu'ils sont mal informés sur les méthodes d'investigations, l'implica-
tion de ces troubles sur l'observance thérapeutique, leurs prises en charge et l'impor-
tance du préjudice pour le patient en termes de qualité de vie (2).
La croissance du nombre des antidépresseurs commercialisés et l'élargissement du
spectre de leurs indications (les troubles dépressifs, les troubles anxieux, les troubles
des conduites alimentaires, le syndrome prémenstruel, les douleurs neuropathiques
d'origine diabétique), doit faire rechercher activement ces effets secondaires sexuels
et envisager des stratégies possibles pour limiter leur importance.
L Abelkassem, A Laffinti, A Benali,
M Touhami, Oueriagli Nabih
Service de psychiatrie, Hôpital militaire
Avicenne, Gueliz-Marrakech, Maroc
N1706F_2011
Keywords:
sexual dysfunction ­
antidepressants ­ side-effects ­
SSRI
Des études contre placebo rapportent une incidence quatre fois
plus élevée de dysfonctions sexuelles sous traitements
antidépresseurs.