douleur. Afin de vérifier ces hypothèses, une étude par questionnaire a été mise sur pied en collaboration avec la Vlaamse Pijnliga et `t Lichtpuntje. Des question- naires ont été envoyés à des patients fai- sant partie d'associations de patients. Ils ont été sélectionnés de manière aléa- toire. Ces questionnaires avaient trait à la prière, aux aspects de la douleur et à l'ampleur de la réinterprétation cognitive (cognitive re-appraisal). L'échantillon algiques chroniques, dont les douleurs remontaient à au moins 6 mois. L'échan- tillon se composait en grande partie de femmes (71%), dont l'âge moyen était de 52 ans et qui présentaient différents ni- veaux d'instruction. Comme prévu, la plupart des patients se sont dits croyants: catholiques (32%), chrétiens (26%), croyants sans affiliation (20%), autres (5%). Les non-croyants (athées: 13%) et les agnostiques (4%) étaient en minorité. En ce qui concerne les mesures de la douleur, les questions concernaient tant la durée et la sévérité de la douleur que la tolérance à celle-ci. Au sujet de la to- lérance à la douleur (Disability Scale; Chronic Pain Grade Questionnaire, 15), l'étude a examiné dans quelle mesure la douleur avait un impact sur les divers aspects du fonctionnement quotidien du patient, notamment sa vie profession- nelle, sociale et familiale. Exemple: «La douleur ne m'empêchait pas de faire mon travail/le ménage.» Les patients de- vaient indiquer s'ils étaient d'accord ou non avec l'affirmation, sur une échelle de un à cinq (de «pas du tout d'accord» à «tout à fait d'accord»). Pour mesurer la réinterprétation cognitive (Reinterpreta- tion and Growth Scale, 16), nous avons évalué la possibilité pour le patient de réinterpréter positivement la douleur. Exemple: «La douleur m'a beaucoup appris.» Le patient devait répondre sur une échelle de un à cinq (de «jamais» à «très souvent»). corrélation particulièrement positive entre la prière et la tolérance à la dou- leur (c2) et entre la prière et la réinterpré- tation cognitive (a). Par contre, il n'y a aucun lien entre la prière et la sévérité ou l'intensité de la douleur (c1). En outre, il s'avère que la réinterprétation cogni- tive n'est pas liée à la sévérité de la dou- leur (b1), mais bien à la tolérance à la douleur (b2). Une analyse médiation- nelle a été réalisée pour vérifier que la réinterprétation cognitive était bien le mécanisme sous-jacent du rapport entre la prière et la tolérance à la douleur (Figure 1). entre la prière et la tolérance à la dou- leur passe effectivement par la réinter- prétation cognitive de la situation de douleur. Cela semble indiquer que la prière fait office de technique de réinter- prétation cognitive chez le patient al- gique chronique. La réinterprétation po- sitive de la douleur sur la base d'une spiritualité religieuse permet au patient d'atténuer l'impact de la douleur sur son quotidien. Nous supposons donc qu'en priant, le patient algique reformule la situation de douleur dans des termes plus positifs et plus significatifs, ce qui favorise son accoutumance. Nous avons effectué des analyses com- plémentaires pour vérifier si la religiosité du patient avait un effet sur les résultats obtenus. Ces analyses ont nuancé nos premiers résultats et démontré que le rapport entre, d'une part, la prière et l'intensité de la douleur (Figure 2) et, d'autre part, la prière et la tolérance à la douleur (Figure 3) dépendait du degré de religiosité du patient. a que chez les patients croyants qu'un degré plus élevé de prière est lié, d'une part, à une moindre intensité de la dou- leur et, d'autre part, à une plus grande tolérance à la douleur, alors que ce n'est Cela voudrait dire que la prière pourrait être un aspect précieux de la gestion de la douleur, mais uniquement chez les patients croyants. En d'autres termes, pour constituer une technique de coping positive, la prière doit être incluse dans la spiritualité religieuse du patient. Cette conclusion s'inscrit dans le droit fil de précédentes études flamandes, qui ont démontré qu'une spiritualité fondamen- talement religieuse était susceptible d'at- ténuer l'impact négatif de la douleur sur la joie de vivre des patients (8). Cette étude a révélé qu'il n'y avait pas de lien négatif entre la douleur et la joie de vivre chez les patients qui considèrent leur spiritualité comme un élément essentiel et fondamental de leur existence. La joie de vivre de ces patients ne pâtissait pas de la douleur constante. Chez les pa- tients algiques qui accordent une place plus insignifiante à la spiritualité, on a constaté, comme attendu, un lien négatif entre la sévérité de la douleur et la joie de vivre. Nous pourrions donc affirmer que, pour un patient croyant, une spiri- tualité religieuse personnelle offre une ressource où puiser la force de faire face à la douleur. La prière peut être un moyen émanant de sa spiritualité. La prière permet alors au patient de réinter- préter sa douleur sur la base de sa spiri- tualité religieuse personnelle. Cette conversion de la perception négative de la douleur en une perception plus posi- tive et plus ouverte. Cela peut s'accom- pagner d'un regain d'optimisme et d'espoir, d'un sentiment plus fort d'une vie cohérente et pleine de sens et de la possibilité de se fixer à nouveau des objectifs et de faire des projets d'avenir. Autant d'éléments qui contribuent à l'amélioration de la qualité de vie du patient, en dépit de la douleur. tables, nous devons tout de même tenir |