que nous devons sans cesse négocier avec la personne qui est en face de nous, et ce sont à chaque fois des négo- ciations différentes d'un patient à un autre, explique Jean Laperche. Que ce soit pour une entorse ou de petits pro- blèmes de santé de la vie de tous les jours, on utilise très peu les schémas tels qu'ils existent dans les guidelines, on doit parfois les adapter à la réalité de chaque patient. L'empowerment signifie en quelque sorte rendre du «pouvoir» au patient sur sa santé ou l'aider à déve- lopper les possibilités dont il dispose pour mieux se prendre en charge lui- même». qué en médecine préventive et dans la relation patient-médecin, le médecin n'a pas vraiment d'autre choix. «Si on ne tient pas suffisamment compte de l'avis du patient, d'une part il ne va pas le suivre ce qu'on va lui proposer; d'autre part, cela risque de ne pas niques, ajoute-t-il, demandent des mesures comportementales, qui accom- pagnent alors le traitement. «On est en quelque sorte contraint presqu'en per- manence à la négociation en médecine car on est tout le temps dans le relation- nel. Les patients occupent une place importante et je crois qu'avec nous, les médecins, ils la prennent beaucoup plus que dans le passé. En ce qui nous concerne, le «pouvoir», on l'a toujours laissé aux patients». S'il y voit un bien, il juge aussi la démarche quelque peu «insécurisante» car le médecin ne suit pas toujours ce que l'Evidence Based Medecine lui recommande de faire. Cela étant, négocier avec les gens per- met souvent de rendre les relations plus fortes entre les gens et leur médecin. Pour autant, quelle part laisser au patient «Le nombre de patients âgés augmente comme le nombre de pathologies chro- niques, et ceux souffrant de plusieurs pathologies complexes simultanément aussi, ajoute le Dr Laperche. Cette masse de patients est de plus en plus grande. C'est pourquoi la place du patient est fondamentale: son rôle doit être de plus en plus actif. au processus d'empowerment, ils sont finalement assez basiques, insiste Jean Laperche: «Il faut bien sûr d'abord prendre le temps d'écouter les gens, ce qui est absolument indispensable, et sur- tout prendre en compte ce qu'ils nous disent, c'est-à-dire entendre leur parole et leurs mots, et en tenir compte. On ira aussi voir ce que le spécialiste souhaite ou même ce que, dans les recommanda- tions pratiques, on aurait envie de faire. Enfin, il est important de voir où se situe la marge de manoeuvre, ce qui peut être accepté par le patient et ce qui nous paraît acceptable. En somme, l'outil l'écoute et le partage, mais cela de- mande du temps. Toutefois, la charge de travail qui est la nôtre limite forcément le nombre de patients que nous pouvons recevoir dans une journée». Autrement dit, l'empowerment ne peut se faire dans des conditions de travail qui ne sont pas idéales. «Il nous faut composer avec la réalité de notre pratique. du moment où l'individu se sentirait me- nacé dans ses intérêts que surgirait en lui l'initiation du processus d'empower- ment, en réponse à une prise de conscience et au sentiment que son inté- grité physique est menacée, ce qui lui donnerait l'impulsion de vouloir mobili- ser ses forces pour sa santé et contre la tialement déterminé par la situation que vit l'individu, plus que par les interven- tions que l'on met en place pour lui et qui serviraient essentiellement à accom- pagner et renforcer le processus, in- diquent les deux chercheurs de l'UCL. Ceux-ci font encore remarquer que la personnalité du patient, de même que le type de pathologie ou le stade de la ma- ladie sont des facteurs qui peuvent in- fluencer tant la capacité que le désir du patient à entrer dans un processus d'em- powerment. Tous les patients, en effet, ne souhaitent pas systématiquement par- ticiper aux décisions médicales. Il re- vient dès lors aux soignants d'y être par- ticulièrement attentifs pour ne pas les «forcer» à prendre une autonomie déci- sionnelle qu'ils ne souhaitent pas ou dont ils ne se sentent pas capables. Voir l'excellent Dossier technique 00-18 de l'Unité RESO-UCL, Education pour la santé, Faculté de Médecine, Université Catho- lique de Louvain, 2002. |