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l
Neurone
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Vol 16
·
N°9
·
2011
AIDER LE PATIENT À DEVENIR ACTEUR DE SA SANTÉ
e
MpowerMent
en
Médecine
Rendre au patient le «pouvoir» d'agir directement sur les facteurs déterminants
de sa santé: tel est l'empowerment, concept à la mode que d'autres traduisent
volontiers par «l'émancipation du patient». Dans la pratique quotidienne, la
technique apparaît incontournable, explique le Dr Jean Laperche, MG à Barvaux-
sur-Ourthe, qui assure régulièrement des formations en entretien motivationnel
pour apprendre à (re)centrer davantage son écoute sur le patient et sur ses
priorités. Objectif: arriver à une décision qui satisfasse chacun, soignant et soigné,
dans le cheminement thérapeutique vers un mieux-être. En fin de compte, l'enjeu
ne serait-il pas tout simplement de permettre au patient de clarifier son désir et
d'exprimer son choix?
Le mot est plus familier des sciences humaines, de l'éducation pour la santé, de l'édu-
cation thérapeutique. Dans la pratique quotidienne du médecin, l'empowerment
apparaît aussi presque incontournable. «En tant que processus, il est tentant et sou-
haitable d'essayer de le mettre en oeuvre par des stratégies éducatives visant la prise
de conscience suivie de prise de décision. En tant que résultat, il est tentant, mais
probablement réducteur, de vouloir codifier des indicateurs permettant d'appréhen-
der sa réalité, tant il est lié à la personne en interaction avec d'autres personnes, dans
un environnement spécifique, vivant une situation unique
», relèvent cependant
Dominique Doumont et Isabelle Aujoulat dans une étude consacrée à l'empowerment
et l'éducation du patient (1).
Dans son sens général, l'empowerment désigne la capacité des gens de mieux com-
prendre et de mieux contrôler les forces personnelles, sociales, économiques et poli-
tiques qui déterminent leur qualité de vie, dans le but d'agir pour améliorer celle-ci.
Quand on parle d'empowerment du patient, on cherche par conséquent à impliquer
les patients pour qu'ils participent davantage à leurs soins et qu'ils aient ainsi une
meilleure qualité de vie, sachant que des éléments tels que la force de vie, les choix
personnels, le sentiment d'efficacité, les choix éthiques peuvent également contri-
buer à influencer l'état de santé d'un individu. C'est pourquoi le principe de l'em-
powerment
en suppose le développement d'un sentiment de contrôle et de pouvoir
sur sa santé. «De nos jours plus que jamais, le patient est l'acteur de sa propre santé,
de sa maladie
, souligne le Roland Lemye, ancien président des Chambres syndicales
des Médecins (ABSyM). Il a des droits et il doit le savoir. Il doit pouvoir les faire
valoir
». Pendant très longtemps, rappelle-t-il, le corps médical a travaillé dans la qua-
drature suivante: le malade se confiait au médecin mais, en fin de compte, seul ce
dernier décidait... Aujourd'hui, ce n'est heureusement plus le cas. Depuis la mise en
oeuvre de la loi sur les droits des patients en 2002, à l'initiative de l'ex-ministre fédé-
rale de la Santé Magda Aelvoet, le patient peut décider librement et prendre en charge
lui-même sa maladie, et le médecin doit lui fournir l'information éclairée dont il a
besoin.
Concept multidimensionnel, l'empowerment est donc facile à mettre en oeuvre,
pour autant que le médecin accorde l'attention, l'écoute et la confiance nécessaires
au patient. «Dans notre pratique, nous sommes parfois amené à nous écarter des
Thierry Goorden
N1742F_2011